Tract distribué par Agir! au congrès de la FSU
(Metz 31 janvier-4 février 2022)

Tract distribué par Agir! au congrès de la FSU
(Metz 31 janvier-4 février 2022)

Congrès 2022 de la FSU

Position du collectif trans-tendances « AGIR ! » du SNESUP

« AGIR ! » pour une FSU plus forte et plus audacieuse.

Depuis sa création officielle en 2017, suite notamment à l’acceptation par le SNESUP de la sélection en master, le collectif AGIR ! (15% des votes) rassemble des militants du SNESUP qui dénoncent une réponse syndicale qui n’est pas à la hauteur de la crise. Il travaille à :

– Une réorientation vers un syndicalisme plus offensif, une pratique valorisant l’action sur le terrain et non limitée à la production de textes ou à la présence aux réunions ministérielles, le respect de nos mandats historiques trop souvent mis sous le tapis : droit à la poursuite d’études, lutte contre la précarisation des emplois, refus de la sélection en master…

– Une revitalisation du syndicat qui passe par un fonctionnement plus démocratique, une réduction du rôle des tendances dans l’exécutif, l’entrée de délégués des sections à la Commission Administrative, la limitation de la durée des mandats nationaux, le rapprochement structurel entre syndicats dont les champs de syndicalisation sont proches…

Pour défendre les droits sociaux des jeunes, des salarié.e.s, des retraité.e.s, se rassembler dans un syndicat et une fédération, capables d’être entendus des gouvernements, est indispensable. Les urgences sociales, économiques, environnementales rendues aigües par les crises actuelles, inhérentes au système capitaliste qui remet en cause le service public et organise la marchandisation des savoirs, appellent à changer de braquet : le congrès de la FSU doit en être un temps fort pour catalyser les convergences dans les analyses et l’action des syndicats nationaux, comme force collective pour défendre les services publics et leurs personnels.

Le bilan de la FSU est cependant contrasté, l’élan fondateur est retombé : la fédération n’est ni facilitatrice des relations entre syndicats nationaux amenés à traiter de sujets communs (pour l’enseignement et notamment le supérieur : ParcourSup, Loi de Programmation de la Recherche, amoindrissement du service public primaire/secondaire/supérieur et des diplômes), ni en capacité de porter des initiatives fortes face à la destruction de la fonction publique, ni moteur de l’unité syndicale, même si la contribution des mobilisations du monde qu’elle syndique a joué un rôle non négligeable dans l’échec de la réforme des retraites.

Que dire d’un rapport d’activité qui n’aborde absolument pas les questions salariales, la scandaleuse poursuite du blocage du point d’indice et la politique des primes porteuse d’individualisme, d’attaques contre les statuts et le financement de la protection sociale ? Ce rapport donne la priorité aux questions sociétales, certes à ne pas négliger, mais reléguant au second plan le rôle fondamental et premier de la défense des intérêts matériels et moraux des personnels, ainsi que la bataille nécessaire pour un service public de qualité, garant d’égalité d’accès de tous, sur tout le territoire. A ce titre, l’accord piège concernant la Protection Sociale Complémentaire n’aurait pas dû être signé par la FSU.

Quant au fonctionnement fédéral interne, il est opaque, lourd et, comme au SNESUP malheureusement, bloqué dans un jeu de rôles entre les tendances, « Unité et Action », « Ecole Emancipée », etc.

Nous n’avons pas approuvé le rapport d’activité mais nous formons le vœu que les délégués sauront déjouer les pièges, refuser la résignation et développer un syndicalisme combatif et audacieux, redonnant la priorité aux personnels.

Alors qu’une crise démocratique grave touche le pays, (conséquence à la fois d’un pouvoir qui applique une politique capitaliste brutale, qui n’écoute plus les citoyens et a perdu tout sens de l’intérêt collectif, mais aussi d’un renoncement de certaines forces d’opposition), soyons à la hauteur de la situation, ne perdons pas nos repères, soyons combatifs et efficaces pour gagner des avancées sociales nouvelles dont le pays et les salariés ont grandement besoin. Le caractère Unitaire de notre fédération (le U de la FSU) est porteur d’espoir. AGISSONS !

Comprendre la situation de l’enseignement supérieur et de la recherche,

en quelques motspour réagir !

Depuis la loi dite « Liberté et Responsabilité des Universités » de 2007 qui a instauré  »l’autonomie » des universités et donc remis en cause le service public national de l’enseignement supérieur et la recherche, la casse de ce service public s’accélère, et tout dernièrement encore avec la Loi dite de Programmation de la Recherche (LPR) en 2020, puis avec les annonces de Macron devant les présidents d’universités le 13 janvier !

Nous subissons un sous-investissement chronique et massif, avec un manque d’ambition pour la jeunesse. Pourquoi des étudiants décrochent-ils ou échouent ?

– Parce que faute de bourses, de cités U, ils doivent travailler. L’aide sociale, c’est un droit et il faut le défendre. A contrario, Macron annonce la hausse des frais d’inscription !

– Parce que les TD sont surchargés : les enseignants ne parviennent plus assurer un véritable encadrement (la moitié des heures d’enseignement sont des heures complémentaires ou des vacations !).

– Parce que les programmes du secondaire ne préparent plus correctement aux études supérieures, ce qui engendre d’ailleurs une difficulté réelle à l’exercice du métier.

Tous les agents de l’Université – enseignants, chercheurs, Biatss – subissent la surcharge de travail et la montée de la précarité. Le statut de fonctionnaire en général et nos statuts d’universitaires en particulier sont attaqués. De plus, nous sommes sous-payés par rapport à nos qualifications. Nos salaires sont bloqués (-30 % en brut depuis 1985, année de désindexation des salaires sur les prix, soit 3,5 mois de salaires par an perdus !) mais le gouvernement communique régulièrement et avec hypocrisie sur la « revalorisation » de la recherche … mais par des primes-pièges, qui ne participent pas ou très peu à la retraite et au financement de la sécurité sociale, qui sont inégalitaires, divisent et pour certaines, sont individuelles…

Le service public d’ESR est attaqué : les organismes de recherche sont démantelés ; les universités sont transformées en établissements expérimentaux gouvernés de manière de plus en plus anti-démocratique. Les diplômes nationaux sont remis en cause au profit de formations/compétences/certifications répondant aux seuls besoins des entreprises à court terme. Le projet de contrats pluri-annuels d’objectifs et de moyens annoncé par Macron vise à accélérer la destruction du service public.

– L’autonomie accrue des universités, avec mise en concurrence absurde des établissements du même service public (accompagné du vocabulaire trompeur adapté : excellence, gouvernance, classement…) s’accompagne d’un désengagement réglementaire et financier de l’Etat qui pousse à l’autofinancement (via l’apprentissage, les contrats de recherche appliquée…), avec perte de cohérence territoriale de l’enseignement supérieur.

– Une politique délirante d’évaluation de la recherche est mise en place, s’inscrivant dans un pilotage accru via des appels à projets chronophages dont plus de 80 % ne sont pas retenus, conduisant surtout à l’abandon ou à la mise en sommeil de thématiques relevant de la recherche fondamentale (exemple : l’étude des virus à ARN avec les conséquences que nous connaissons tous…). Alors que les entreprises bénéficient sans contrôle du crédit impôt recherche, le gouvernement en rajoute en impulsant des thèmes de recherche publique qui leur sont destinés sous le prétexte de soutien à l’innovation…

– Les statuts des personnels sont remis en cause par une gestion de plus en plus locale des carrières, inégalitaire, source d’injustice et de clientélisme, au détriment de l’instance nationale élue (CNU) garante elle de transparence, d’égalité de traitement des dossiers, avec des critères nationaux connus de tous. La précarité augmente par recrutement de contractuels non protégés, aux salaires aléatoires…

– Enfin, après la déréglementation des frais d’inscription des étudiants étrangers non communautaires, ce sont maintenant tous les étudiants –et leurs parents- qui sont menacés par le projet Macron d’études supérieures payantes avec des tarifs  probablement modulés  selon le renom de l’université. Ce qui conduira à l’interdiction de fait des études supérieures pour les jeunes des classes sociales modestes et moyennes ou à des difficultés financières qui leur seront insupportables.

La FSU doit revendiquer une tout autre politique mettant un terme définitif à l’impasse LRU, avec un service public totalement gratuit, de qualité, ouvert à tous. Pour cela, il convient de redonner du sens au collectif, d’investir dans la jeunesse, dans la recherche publique, en donnant les moyens matériels et en personnels, avec des statuts protecteurs respectés et améliorés (inclusion des primes dans les salaires statutaires en nette hausse, réduction du temps de travail, grilles nouvelles pour les enseignants-chercheurs avec suppression des blocages de classe et gestion des carrières par des instances paritaires élues, etc.).

 

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