Les maux de l’ESR
en quelques mots …
AGIR pour un syndicalisme de lutte avec un programme ambitieux pour le service public !

Les maux de l’ESR
en quelques mots …
AGIR pour un syndicalisme de lutte avec un programme ambitieux pour le service public !

En décembre, le président de la République a annoncé la mise en œuvre de « l’acte II de l’autonomie des universités ». Depuis la loi dite « Liberté et Responsabilité des Universités » (LRU) de 2007, le démantèlement de l’ESR s’accélère, notamment avec la loi dite de Programmation de la Recherche (LPR) en 2020. Les récentes annonces présidentielles augurent une aggravation dangereuse de cette politique. Les universités n’ont pas encore digéré l’acte I et on leur prépare l’acte II !
Les militants et militantes du collectif AGIR! et du courant de pensée PSL du SNESUP, soucieux de créer les conditions d’une combativité et d’une efficacité syndicale renforcées, proposent d’analyser la politique des gouvernements successifs, ses fondements et ses effets, pour mieux répondre aux attaques annoncées et fédérer les collègues pour défendre nos conditions de travail et construire le service public de l’ESR de demain.

Deux décennies de démantèlement !
Le service public d’ESR est attaqué : les organismes de recherche sont mis au pas ; les universités sont transformées en établissements publics expérimentaux (EPE) devenant à terme « Grands établissements », gouvernés de manière de moins en moins démocratique ; les diplômes nationaux sont remis en cause au profit de formations/compétences/certifications répondant aux seuls besoins des entreprises à court terme et dans des bassins locaux d’emplois. Les « contrats pluriannuels d’objectifs, de moyens et de performance » visent à accélérer la destruction du service public en assujettissant les établissements au Ministère…
L’autonomie accrue des universités, avec mise en concurrence délétère des établissements du même service public (assorti d’un vocabulaire managérial fallacieux : excellence, gouvernance, classement…) s’accompagne d’un désengagement financier et réglementaire de l’Etat qui pousse à l’autofinancement (via l’apprentissage, les contrats de recherche appliquée…) au détriment de l’égalité entre les universités et, au-delà, entre les agents, les étudiants, à l’échelle nationale de l’enseignement supérieur.
Une politique de plus en plus lourde et coercitive d’évaluation de la recherche est mise en place, s’inscrivant dans un pilotage accru via des appels à projets chronophages dont plus de 80 % ne sont pas retenus, conduisant surtout à l’abandon ou à la mise en sommeil de thématiques relevant de la recherche fondamentale, recherche dont on sait qu’elle est pourtant un élément crucial de l’avenir d’un pays ! Alors que les entreprises bénéficient sans contrôle des milliards du Crédit Impôt Recherche, le gouvernement en rajoute en impulsant des thèmes de recherche publique qui leur sont destinés sous le prétexte de soutien à l’innovation…
En fait, toute cette politique répond aux exigences des entreprises capitalistes tant sur le plan de la recherche que sur celui des formations.

Des conséquences bien visibles…
Depuis des années, l’ESR subit un sous-investissement chronique et massif, avec un manque d’ambition pour la jeunesse.
Pourquoi des étudiants décrochent-ils ou échouent-ils ?
– Parce que faute de bourses, de cités U, beaucoup doivent travailler : alors que l’aide sociale est un droit, le gouvernement promeut une logique de hausse des frais d’inscription. Après la déréglementation subie par les étudiants étrangers non communautaires, ce sont à terme tous les étudiants et leurs parents qui sont menacés par le projet Macron d’études supérieures payantes avec des tarifs probablement modulés selon le renom de l’université, ce qui conduira à l’interdiction de fait des études supérieures ou à des difficultés financières pour les jeunes des classes populaires et moyennes.
– Parce que les TD sont surchargés : les enseignants ne parviennent plus à assurer un véritable encadrement (la moitié des heures d’enseignement sont des heures complémentaires ou des vacations !).
– Parce que les programmes du secondaire ne préparent plus correctement aux études supérieures, ce qui engendre d’ailleurs une difficulté réelle à l’exercice du métier.
Tous les personnels de l’Université – enseignants, chercheurs, BIATSS – en sous-effectifs, subissent une surcharge de travail et une montée de la précarité. Nous sommes sous-payés par rapport à nos qualifications. Nos salaires sont bloqués (-30 % en brut février 2024 depuis 1985, année de désindexation des salaires sur les prix, soit 3,5 mois de salaires perdus chaque année !). Or, le gouvernement communique régulièrement et avec hypocrisie sur la « revalorisation » de la recherche … mais par des primes-pièges, qui ne participent pas ou très peu à la retraite et au financement de la sécurité sociale, qui sont inégalitaires et divisent les collectifs de travail… Et poursuivant à l’extrême dans cette logique libérale, Macron vient tout juste d’annoncer des salaires au « mérite » pour les fonctionnaires !
Le statut de fonctionnaire en général et nos statuts d’universitaires en particulier sont remis en cause par une gestion de plus en plus locale des carrières, inégalitaire, source d’injustice et de clientélisme, au détriment des instances nationales élues (CNU, CAP) garantes de transparence, d’égalité de traitement des dossiers, avec des critères nationaux connus de tous. La précarité augmente par recrutement de contractuels non protégés, aux salaires aléatoires…

Pour reconstruire le Service Public de l’ESR
Cette analyse des maux de l’ESR doit amener les étudiants, les collègues, les syndicats, les partis politiques, à proposer une autre voie conforme à l’intérêt collectif et à l’avenir des jeunes et du pays. Il faut mettre un terme définitif à l’impasse libérale LRU en l’abrogeant, pour aller vers un Service Public totalement gratuit, de qualité, ouvert à tous. Pour cela, il convient :
– de redonner du sens au collectif, d’investir dans la jeunesse, dans la recherche publique, en donnant les moyens matériels et en personnels titulaires, avec des statuts protecteurs améliorés et respectés (augmentation des salaires et indexation sur la hausse des prix, inclusion des primes dans ceux-ci, réduction du temps de travail, grilles nouvelles pour les enseignants- chercheurs avec suppression des blocages de classe, gestion des carrières par le CNU, repyramidage plus massif et plus juste confié à cette instance nationale, etc.).
– que l’Etat finance de nouveau totalement et correctement les universités, de manière pérenne, avec reprise à sa charge de la rémunération des personnels. Cela permettrait aussi de mettre fin aux gâchis de temps et d’énergie que représente cette gestion locale dans chaque établissement ;
– de redonner une réelle liberté aux collègues et aux universités dans les domaines et thèmes de recherche. L’innovation (terme tant utilisé dans la communication ministérielle…) passe par la confiance envers les fonctionnaires qui œuvrent pour l’intérêt collectif ;
– qu’une carte nationale des formations soit établie afin de répartir harmonieusement le service public et de mettre fin à toute concurrence entre universités, avec un rehaussement raisonnablement ambitieux des programmes et des volumes d’enseignement ;
– que l’université s’ouvre réellement à tous les publics en mettant fin aux outils de sélection (Parcoursup, MonMaster…) afin de faire reculer l’obscurantisme et d’élever le niveau de connaissance des citoyens.
C’est à ce formidable chantier, à ce changement profond pour l’avenir, que les collègues doivent s’attaquer, par leur intelligence collective et leur intervention unie, avec l’outil syndical, en stoppant d’abord les « libéraux » dans leur entreprise de démantèlement du service public et en obtenant les moyens nécessaires pour cette autre politique (ces moyens existent mais nécessitent une levée plus juste, plus progressive et plus efficace de l’impôt redistributif, réduisant ainsi les inégalités).
Pour ce faire, les collègues ont besoin d’un syndicalisme uni et éclairé, combatif, au service des collègues et du service public, évitant les pièges tant de l’éparpillement inefficace que des batailles annexes faisant dévier des objectifs fondamentaux. Ce syndicalisme, indispensablement démocratique, sera ce que les syndiqués, collectivement, en feront. Partant des établissements, des composantes, il doit rassembler largement, notamment les jeunes collègues (y compris doctorants, précaires…), sa richesse étant le nombre et son enracinement parmi les collègues, un atout afin qu’il soit irrigué par leurs interventions et leurs initiatives, pour mieux élaborer les revendications.
C’est à cet objectif, à l’intérieur du SNESUP, de la FSU et en direction d’autres syndicats combatifs, que s’attellent le collectif AGIR ! et le courant de pensée PSL, par delà les tendances, et autres pièges qui divisent.
Ensemble, construisons le service public du 21ème siècle dont notre pays, notre jeunesse et notre peuple ont besoin.

Le collectif syndical unitaire et trans-tendances AGIR ! et le courant de pensée PSL du SNESUP

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *