CRISE SANITAIRE, CRISE SYSTÉMIQUE: UN PROFOND CHANGEMENT DE POLITIQUE S’IMPOSE!

CRISE SANITAIRE, CRISE SYSTÉMIQUE: UN PROFOND CHANGEMENT DE POLITIQUE S’IMPOSE!

Contribution du Collectif «AGIR!» à la CAN* du SNESUP du 7 mai 2020

Si le virus COVID19 est nouveau et implique pour lutter contre la maladie et sa diffusion un effort d’ampleur dans les domaines de la virologie, de l’infectiologie, plus généralement de la biologie et de la médecine la crise qui en résulte est pour une large mesure la conséquence des politiques économiques directement dictées par les logiques du capital: abandon de productions nationales quant aux masques, principes actifs médicaux, respirateurs; affaiblissement du service public hospitalier comme de tous les autres services publics qui relèvent des besoins communs, réduction obsessionnelle des dépenses publiques et des impôts progressifs…Nous vivons donc les phases aiguës simultanées de deux crises, l’une sanitaire, l’autre structurelle du capitalisme.

Syndicat de terrain, de lutte au plus près des collègues, le SNESUP ne peut pas se contenter de faire l’inventaire des difficultés nouvelles dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le poids terrible porté par le milieu hospitalouniversitaire exemplaire de mobilisation, les conditions de vie (voire de survie) de milliers d’étudiants, les péripéties et souvent inepties de la «continuité pédagogique» via l’enseignement à distance auront des résonances durables. Cela vient s’ajouter aux difficultés chroniques liées au sousfinancement, à la logique de concurrence, à la dévalorisation des diplômes nationaux qui s’illustrent par les scandaleux déséquilibres financiers entre la MIRES (budget) asphyxiéed’un côté et de l’autre le Crédit Impôts Recherche (CIR) et les dotations des PIA (souvent via l’ANR) qui explosent.

Avec et au sein de la FSU, le SNESUP doit appeler à une refondation économique, sociale et environnementale élaborée avec les organisations syndicales et le tissu associatif (qui joue un rôle majeur de solidarité dans la crise actuelle). Défendre le bien commun et partager les richesses sont des objectifs incontournables qui appellent une extension des services publics (missions, répartition sur tout le territoire, fonctionnaires nombreux et aux salaires revalorisés) et des nationalisations par exemple dans les secteurs du médicament, des équipements numériques, des besoins vitaux du pays. C’est par une révision profonde de la fiscalité qui doit jouer contre les logiques d’accumulation spéculative et patrimoniale, contre les délocalisations et l’épuisement des ressources naturelles de la planète que passeront ces indispensables changements.

Les enjeux sont considérables et interpellent aussi directement (mais bien sûr pas seulement) les universitaires dont le travail essentiel porte à l’analyse et à la construction de propositions, de modèles d’expérimentations critiques (on en a vu le rôle aussi dans cette crise sanitaire). Le SNESUP se doit donc de stimuler très largement, de fédérer la communauté universitaire qui est amenée à prendre toute sa place dans la construction de ce renouveau. S’appuyant sur les récentes mobilisations «retraites», «fonction publique», «LPPR», le syndicat est l’outil essentiel pour intégrer tous les jeunes collègues doctorants, postdoctorants, vacataires CDD, pour lesquels la crise actuelle est un amplificateur de difficultés chroniques, aux luttes pour la création de milliers d’emplois statutaires. Ces emplois sont LA condition pour conduire vers la réussite dans leurs études les bacheliers de 2020 comme les étudiants affectés par la réduction de l’actuelle année universitaire.

En outre, comme les autres services publics, l’université doit être refondée au plus vite : le mode de calcul des financements et des emplois doit être revu (la LRU et les RCE sont de même nature que la tarification à l’acte pour les hôpitaux), l’outil normatif et chronophage qu’est le HCERES doit disparaître à l’avantage d’une revitalisation considérable de la collégialité démocratique. C’est le sens nécessaire des indispensables changements législatifs et budgétaires, pour une loi de programmation au service de l’enseignement et de la recherche publics, à l’opposé du projet de «LPPR» de ce gouvernement, qui doit être définitivement abandonnée.

Plus largement, le SNESUP doit également se préparer et préparer les personnels de l’ESR à résister à l’offensive contre les droits sociaux et démocratiques, ouverte et permise par l’État d’urgence sanitaire. Offensive qui risque de se traduire dans l’ESR par une mise en cause des libertés pédagogiques et académiques, rendue possible par la promotion de l’enseignement à distance et du tout numérique.

Dans l’immédiat le SNESUP doit porter l’exigence d’un plan d’urgence pour les étudiants et pour tous nos collègues précaires: gratuité des loyers CROUS depuis avril; versement aux étudiants boursiers de 2 mois de bourse supplémentaires; organisation d’une session de formation et d’examens lorsque c’est nécessaire en septembre et octobre; prolongement d’un an des contrats doctoraux et des CDD. Une analyse scientifique pluraliste nationale des réalités de l’accroissement des inégalités dues aux disparités sociales et numériques doit être menée, le syndicat y ayant toute sa place.

Sur ces objectifs, le syndicat doit engager toutes ses forces au plus près des préoccupations des collègues dans les sections d’établissements et doit lancer une inédite et exceptionnelle campagne d’adhésions en particulier vers les doctorants et précaires (cotisations très réduites): objectif 1000 syndiqués supplémentaires.

*CAN : Commission administrative nationale

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