CR AGIR! de la CA du Snesup
16 décembre 2021

CR AGIR! de la CA du Snesup
16 décembre 2021

 

Les élus du collectif AGIR vous rendent compte de l’exercice de leur mandat à la commission nationale du Snesup du 16 décembre 2021. Malheureusement, celle-ci s’est tenue en visio en raison de l’accentuation de l’épidémie et faute d’avoir pu trouver une salle suffisamment grande… à Paris !

Comme d’habitude, les élus AGIR étaient au complet et nous sommes intervenus sur de multiples questions, touchant tant à la situation des établissements qu’aux enjeux nationaux : la montée de la précarité, la situation des précaires, la remise en cause de nos statuts, ainsi que la mise en œuvre de la LPR, les enjeux du repyramidage, les possibilités pour agir localement… Nous développons ici quelques points essentiels.

Combattre la précarité, organiser les doctorants, lutter pour des recrutements de titulaires

Dans le prolongement des motions votées au congrès de Rennes, le secteur des Agents non-titulaires a proposé cet automne plusieurs actions en vue de mobiliser les collègues contre la précarisation de l’ESR, actions validées par le Bureau national du Snesup : organisation d’une « journée des doctorants » syndiqués au Snesup, appel aux sections à organiser des réunions de non-titulaires dans toutes les universités, préparation des « Assises de la précarisation » prévues au printemps, conception d’outils mis au service des sections dans ce travail (quatre-pages doctorants, diaporama sur la précarisation, synthèse des « statuts précaires »…). La journée des doctorants s’est tenue fin novembre au siège. Elle a réuni une dizaine de doctorants syndiqués venus de plusieurs établissements. Ce fut l’occasion de nouer des contacts en vue d’actions à venir, de faire le point sur les expériences de chacun, de présenter les mandats du Snesup. Coorganisée avec le secteur Recherche, cette journée a été très riche de l’avis de tous. Elle constitue ainsi un jalon pour les mobilisations à venir.

Par ailleurs, les sections Snesup de l’Université Paris-Est-Créteil ont organisé une première réunion des précaires à l’échelle de cette université. Malgré les difficultés pour entrer en contact (les vacataires n’ont pas de boite-mail de l’université, les listings n’étant pas automatiquement remis à jour, les contractuels de moins d’un an n’ont pas non plus d’adresses…), elle a rassemblé une vingtaine de collègues non-titulaires, auxquels s’ajoutent des contacts noués avec les secrétaires de section par des collègues qui ne pouvaient pas être présents. De nombreux témoignages de situations inacceptables émergent ; il a été décidé de les publiciser (sous anonymat), de mobiliser sur la revendication de la dispense des frais d’inscription pour les doctorants qui enseignent, de rédiger une « charte » de l’Université destinée à lutter contre les abus et de se revoir pour préparer les Assises de la Précarisation.

Malheureusement, ce combat essentiel contre la précarité n’apparaît pas dans l’appel de la commission nationale, alors même qu’il implique un travail commun avec le SNCS et le SNASUB dans le cadre de la FSU qui, précisément, tiendra bientôt son congrès national. De même, la nécessité de lutter pour gagner le recrutement de milliers de jeunes docteurs afin de les sortir de la précarité et d’alléger le fardeau des titulaires qui croulent sous les heures complémentaires, n’est pas suffisamment soulignée, alors même que la mise en œuvre de la LPR a des contrecoups très durs en matière d’emploi et de statut : le nombre de postes de MCF proposés par les établissements risque de continuer de diminuer. Ne serait-il pas temps d’ailleurs d’engager un vrai combat national contre le prix des heures de vacation (et donc des heures complémentaires) scandaleusement bas, qui encourage le non-recrutement de titulaires dans les établissements contraints de serrer leurs budgets ?

« Du haut de ce repyramidage, 40 postes vous contemplent », pourrait nous dire la ministre en paraphrasant Napoléon

Les collègues Maîtres de Conférences aspirent légitimement par leur travail à devenir professeurs. Mais le dispositif ministériel de re-pyramidage (c’est à dire de transformation d’emplois) est à la fois insuffisant et pernicieux. Aujourd’hui le nombre de postes d’enseignants-chercheurs est TRÈS insuffisant et la répartition PU/MCF très loin d’un ratio de 40/60 (en particulier au regard du nombre de MCF titulaires d’une HDR), ratio qui devrait, selon nous, être une étape vers une fluidité plus grande permettant à tous les collègues actifs une carrière sur l’ensemble des deux corps. Dans le dispositif de repyramidage concocté par le ministère la répartition des transformations MCF->PU entre établissements à l’échelle nationale est opaque. Au sein de chaque établissement, la répartition des postes entre disciplines et le choix des promus risquent également de s’avérer opaques et injustes, car ce dispositif accroît spécifiquement sur ce point le  pouvoir managérial des présidents. Un syndicat comme le nôtre ne doit donc pas se contenter de déplorer la politique du gouvernement.

Pour le collectif AGIR!, le Snesup doit contribuer, nationalement comme localement avec ses sections, ses élu.e.s dans les conseils, en particulier dans les conseils académiques, à construire les  outils pour nourrir à la fois le  débat démocratique, l’élaboration d’une vision équilibrée des grandes différences entre champs scientifiques (sections du CNU) quant à la conception de la thèse, de l’HDR et de la demande de qualification PU (en s’appuyant sur le travail de la CP-CNU). Ces mises en évidence locales et nationales des injustices et des besoins sont des contributions à la lutte revendicative, à la mise en mouvement des collègues sur nos revendications déjà formulées : transformation  rapide en PU de tous les  MCF HDR  pluriqualifiés et transformation en MCF des prag-prce docteurs  pluriqualifiés. Pourquoi la direction nationale de notre syndicat ne pousse-t-elle pas à leur mise en œuvre ?

Les salaires, un enjeu essentiel : engager le combat

Enfin, dans cette séance de la commission nationale, il ne fut guère question des salaires, malgré nos efforts pour rappeler cet enjeu essentiel notamment à travers le débat sur les différents aspects négatifs de la LPR, et malgré le succès de la pétition lancée par la section IUT de l’UPEC. Nous apportons notre soutien à l’initiative de cette section. Cette pétition rencontre un réel succès, ce qui témoigne bien de la très forte attente des collègues sur ce point (plus de 300 signatures en ligne à la mi-décembre, et des signatures collectées une par une sur pétition papier grâce à des discussions, tenues en réunion ou lors de tournées syndicales des bureaux). Cette pétition de la section de l’IUT de Créteil apporte en effet un argumentaire très précis sur notre secteur professionnel. Ainsi, elle apparaît comme un complément essentiel à la pétition inter-syndicale sur l’ensemble de la fonction publique qui, elle, ne peut pas, bien sûr, rentrer dans le détail de chaque secteur professionnel.

Cette pétition issue de l’UPEC est signée et reprise dans de nombreux établissements et diverses composantes (UFR, IUT, INSPE…). Adressée à l’ensemble des collègues, elle est signée par des titulaires comme des contractuels, des EC comme des enseignants de statuts premier et second degrés. Grâce à son argumentaire précis, elle apparaît ainsi comme un bon moyen pour éviter le piège des divisions, mettre en œuvre les mandats adoptés au congrès de Rennes, mobiliser les syndiqués, discuter avec les collègues. Les remontées des différents établissements montrent que les militants et les signataires ne perdent pas leur temps ni leur énergie à se demander s’il faut appartenir à tel ou tel courant pour signer : ils se réjouissent de l’engagement de la lutte sur cet enjeu essentiel des salaires, ils s’emparent de la pétition et la diffusent autour d’eux.

Enfin, que penser de l’appel issu de cette séance de la commission nationale de notre syndicat ?

La visio pèse lourdement sur la possibilité de faire vivre un débat démocratique dans la commission nationale. Il ne nous a pas été possible de faire bouger le contenu prévu : à toutes nos propositions d’ajouts, il nous était répondu que cela avait déjà été dit à d’autres occasions et annonçait une finalisation de l’appel une fois la réunion terminée, et ce pour des raisons pratiques. Au-delà de l’aspect technique, il y a bien là un enjeu politique. Nous avons dû rappeler que l’appel de commission nationale est normalement voté par la commission nationale. Face à un appel au contenu insuffisamment combatif sur le fond revendicatif d’une part, et d’autre part insuffisamment mobilisateur, nous n’avons pas voté l’appel : nous nous sommes abstenus. En effet, pour nous,  »Agir ! », il ne suffit pas de « rappeler notre opposition à… » ; le syndicat doit aussi proposer des outils pour permettre aux sections d’engager le débat et la lutte dans les établissements au plus près des collègues ; par exemple : proposer aux sections d’organiser des mobilisations pour combattre ou prévenir le clientélisme local dans les promotions au repyramidage en favorisant l’exercice de la collégialité. Dans cette période de bouleversement des règles, nos collègues attendent beaucoup de notre syndicat, le Snesup-Fsu.

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