Contribution personnelle de J. GUYOT en réaction à l’appel de la CA du 16/12/21
Bien décevant cet appel de la CA.
Rien sur le pouvoir d’achat alors que c’est la préoccupation principale de tous les salariés.
Alors que 25 000 retraités ont manifesté à Paris le 2 décembre.
Alors que les actions se multiplient un peu partout sur cette question qui devient lancinante. A Clermont-Ferrand, pour la première fois de puis leurs implantations, des actions sont menées dans les magasins Auchan par la CFTC!
L’appel aurait pu rappeler que cette question est fondamentale puisqu’elle est à l’origine du syndicalisme et du mouvement ouvrier auquel nous nous rattachons et qu’elle est plus que jamais d’actualité, y compris pour les enseignants et les enseignants du supérieur. Je viens de lire que les enseignants en France sont parmi les moins bien payés d’Europe et cela m’interroge sur la capacité de la FSU à mener une véritable campagne sur ce thème, alors qu’à la fin des années quatre-vingt les forces qui constituent la FSU avaient su le faire (la revalorisation) avec certains résultats.
Il n’y a rien non plus sur une question très pratique qui concerne des établissements, leur personnels ainsi que les étudiants : celle de l’envolée des prix de l’énergie qui va impacter très lourdement les budgets des établissements avec d’énormes conséquences à la fois en matière de dégradation des conditions de vie, d’études et de recherche et des répercussions négatives sur d’autres postes budgétaires des établissements comme les budgets pédagogiques où les heures complémentaires.
Bien sûr, il faut réclamer et pratiquer une aération accélérée des locaux mais si c’est pour avoir encore plus froid dans les locaux …
Pour ce qui concerne le repyramidage, je considère que le SNESUP aurait du s’en préoccuper, il y a plus de 10 ans car ce blocage était tout à fait prévisible . D’ailleurs l’un des mandats du SNESUP revendique le rapport 50/50 entre eux professeurs et maîtres de conférences.
La carrière normale d’un maître de conférences doit se terminer au niveau professeur de première classe aussi bien pour les hommes que pour les femmes dès lors qu’il y a eu soutenance d’une HDR et qualification par une instance nationale.
Après tout, le passage de chargé de recherche à directeur de recherche est prononcé directement par des commissions du CNRS sans qu’il y ait obligation de mobilité pour les promus et sans intervention des instances locales.
Une fin de carrière en hors classe ou en classe exceptionnelle est tout à fait honorable mais ce n’est qu’un substitut.
C’est ce qui devrait être rappelé constamment dans nos écrits et nos prises de position. Cela implique que le repyramidage doit concerner des collègues bloqués quelques fois depuis très longtemps alors qu’ils sont qualifiés professeur une fois, voire deux ou trois, et aussi qu’il doit y avoir fusion des 2ème et 1ère classe des PR – à minima – pour que le passage PR ne reste pas honorifique.
Cela implique aussi que nous ne pouvons pas accepter une logique qui va sans doute se mettre en place dans les établissements : celle de la promotion de jeunes éléments sans doute brillants qui ont droit bien sûr à devenir professeurs mais sans doute pas au détriment de collègues plus anciens. On peut craindre que dans un certain nombre d’établissements, ce soit la voie de l’élitisme qui soit retenue pour le repyramidage. Le pouvoir exorbitant donné au président ou plutôt aux équipes présidentielles car le président s’appuie sur des réseaux, sinon il ne gouverne rien, ne doit pas nous surprendre même s’il nous indigne. Il est dans la logique de l’autonomie des établissements et il est bien clair que les chefs d’établissements veulent recruter comme ils l’entendent sans contrainte extérieure.
L’appel parle d’alternatives portées par le SNESUP sans précisions. Est-ce le corps unique des PR avec la disparition du Corps de conférences comme ce qui se passe en Allemagne ou la mise en œuvre d’un mandat du SNESUP (rapport 50/50 entre les deux corps) ou l’application du relevé de conclusions de 89 qui stipulait un rapport de 40/60 ?
C’est essentiel pour obtenir une mobilisation et une intervention de nos collègues pour un plan de transformation des MC en PR car ce déblocage va entraîner un espoir chez les MC et de nombreuses soutenances d’HDR. Sans cette perspective, on peut craindre des affrontements entre les disciplines, entre laboratoires et au bout du compte entre collègues s’il n’est pas rappelé que tous les MC, dès lors qu’ils ont satisfait un certain nombre d’exigences, doivent être nommés professeur d’université, ce qui suppose sans doute aussi une nouvelle définition du des fonctions de professeur d’université. La question de la répartition des postes est importante car personne n’aime les atteintes à l’égalité et le népotisme mais c’est une question secondaire en regard de ce qui va se passer dans les établissements et du nombre de postes à mettre en jeu.
Ceci n’est pas contraire aux revendications de créations de postes pour répondre aux besoins.
C’est pourquoi encore une fois je ne suis pas du tout convaincu du caractère entraînant, ou mobilisateur que devrait avoir un appel de la direction du SNESUP.
Préoccupé par la courbe de syndicalisation, je ne vois guère de perspectives optimistes si nous ne retrouvons pas l’objectif premier d’un syndicat qui est la défense des intérêts matériels et moraux des syndiqués (en plus de promouvoir un service public d’enseignement supérieur et de la recherche, gratuit, laïc, de qualité, ouvert au plus grand nombre…). Cette défense, pour être efficace, doit s’organiser en priorité par la solidarité, par la création d’un rapport de force, local ou national, pour obtenir gain de cause sur nos revendications mais aussi pour faire appliquer le droit et nos statuts protecteurs (message de G. Tollet sur cette liste)
Et je m’inquiète de la faiblesse de notre implantation chez les jeunes MC qui viennent pourtant de vivre un parcours éprouvant avant leur recrutement. C’est l’avenir de notre organisation en tant que première force syndicale dans l’enseignement supérieur qui est en jeu.
Bien cordialement
J. GUYOT
NB : Jacques nous a autorisé à reproduire sur le site internet du collectif AGIR cette contribution d’abord diffusée sur forum-CA
J. GUYOT, fut au Snesup l’un des animateurs des secteurs SDP et CNU à la fin des années 90.