Compte rendu de la commission administrative nationale (CAN) du SNESUP du 6 juillet 2023

Compte rendu de la commission administrative nationale (CAN) du SNESUP du 6 juillet 2023

La CAN se réunit le 6 juillet pour la première fois depuis le congrès d’orientation de juin.
Pour mémoire, elle compte 41 sièges, donc 82 membres (titulaires ou suppléants) : 22 sièges Action syndicale [AS], 12 sièges Ecole émancipée [EE], 6 sièges AGIR et Pour un syndicalisme de lutte [PSL], 1 siège Pour un syndicalisme de combat.
Débat général et appel de la CAN : les élu-e-s AGIR & PSL interviennent pour que le SNESUP adopte des positions claires et combatives
Dans son introduction, la secrétaire générale évoque la situation sociale du pays, puis des questions propres à l’ESR (rapport Gillet, élection CNESER, mobilisations en cours notamment des prag-prce).
Plusieurs élus AGIR interviennent pour souligner que, même si nous n’avons certes pas perdu un siège au CNESER en collège B, notre syndicat recule (- 8%). Le collectif 384 a réussi une percée en obtenant deux sièges. Nous rappelons que le succès de ce collectif témoigne de la profonde colère des prag-prce. Il y a deux ans, au congrès de Rennes, le SNESUP avait adopté comme mandat l’égalité de la prime statutaire entre EC et E, parmi un ensemble de revendications pour l’augmentation du salaire, au premier chef indiciaire. Rappelons que la majorité du congrès s’était prononcée en faveur de ce mandat, en dépit de l’opposition des caciques d’AS. Très vite, dès la rentrée 2021, les élu-e-s AGIR et PSL à la CAN ont proposé d’engager l’action par une pétition. Malheureusement, nous n’avons pas été suivis. La direction du SNESUP n’a pas saisi la profondeur de la colère des collègues, ce qui indique qu’elle est trop éloignée des collègues. Elle n’a pas engagé d’action, ce qui montre qu’elle s’éloigne d’un syndicalisme de lutte.
En l’absence de lutte engagée par le SNESUP sur ce point, le collectif 384 s’est formé, qui porte également des propositions dangereuses (création d’un corps spécifique des enseignants du second degré dans le supérieur, qui nous livrerait à une gestion locale sous la coupe des présidences). La section de l’IUT de Créteil de notre syndicat a lancé une pétition sur cette revendication qui a recueilli 800 signatures. On peut donc imaginer quel aurait pu être le succès d’une telle une pétition si c’était le SNESUP national qui l’avait lancée !
Depuis quelques mois, enfin, le SNESUP, en lien avec l’action précieuse du SNEP-FSU (le syndicat national de l’éducation physique, qui syndique des collègues de Staps) diffuse des positions correctes, mais sans engager réellement le combat, alors même qu’un mouvement fort se développe chez les prag-prce. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons déposé une motion au congrès de juin 2023 avec une proposition de lutte : « dès septembre, un mouvement spécifique de grève des prag-prce intitulé : l’université peut-elle fonctionner sans nous ? ». Cette motion n’ayant malheureusement pas été étudiée au congrès faute de temps, elle l’a été par la CAN aujourd’hui (cf infra).
Des camarades d’EE interviennent pour proposer la grève, déplorer le manque d’action du SNESUP. Dommage qu’ils n’aient pas soutenu nos propositions de lutte il y a deux ans…
Nous intervenons aussi pour dénoncer la plate-forme Mon Master. Nous pointons l’ambiguïté de la déclaration du SNESUP au CNESER (« il est nécessaire, de repenser la conception et l’ergonomie de cette plateforme, afin de la faire évoluer pour qu’elle apporte une réelle plus value dans l’affectation des étudiants, sans surcharge de travail inutile pour les personnels – ou tout simplement de la supprimer… ») : pour nous, il ne s’agit pas de résoudre les dysfonctionnements techniques de la plate-forme ; il faut la dénoncer comme un outil au service d’une politique néo-libérale destructrice du service public de l’ESR (sélection des étudiants, mise en concurrence des formations, promotion du privé…). Nous rappelons aussi la nécessité d’abroger Parcours-Sup. Nous défendons le droit pour tous les bacheliers, puis licenciés, de s’inscrire dans laformation de leur choix.
Nous intervenons pour que l’appel de la CAN comporte un appel à la grève pour la rentrée afin de développer les mobilisations en cours (prag-prce, ainsi que vacataires) et pour qu’il indique une position claire contre Parcours-Sup et Mon Master. De même, nous intervenons pour que l’appel de la CAN demande clairement que le rapport Gillet soit écarté par le ministère.
Lors de la rédaction de l’appel de la CAN le midi, puis lors du débat sur cet appel, nous intervenons pour que l’appel présente des positions claires et combatives. Après discussion entre nous, les camarades d’AGIR estiment qu’il est possible de le voter ; les camarades de PSL choisissent l’abstention.
La CAN examine les motions qui n’ont pas été présentées au congrès : la mauvaise foi, c’est comme le ridicule, ça ne tue pas, mais…
La motion AGIR & PSL pour développer la lutte des enseignants de statut second degré est repoussée par 22 voix contre (AS). Nous pouvons nous réjouir néanmoins que nos camarades d’EE ont voté pour (18 voix pour : EE, AGIR, PSL). Ce qui est effarant, c’est l’argumentation d’AS. Dans notre motion, nous dénoncions la tentative de créer un corps des enseignants du supérieur, en indiquant les dangers d’une gestion locale. Nous avions donc écrit qu’il fallait « maintenir les prag-prce dans leurs corps d’origine », c’est-à-dire les grands corps des agrégés et des certifiés. Eh bien, AS s’appuie sur cette phrase coupée de son contexte reprocher à cette motion d’interdire l’intégration des certifiés dans le corps des agrégés : autant de mauvaise foi, c’est révoltant ! Bien sûr, c’est difficile pour AS d’expliquer qu’ils refusent une motion parce qu’elle comporte un appel à la … grève !
Du coup, alors même que nous envisagions de voter une motion dans laquelle AS rappelle les mandats du SNESUP sans proposer cependant aucune action pour obtenir satisfaction, nous décidons de ne pas prendre part au vote pour dénoncer la mauvaise foi d’AS.
Enfin, la motion sur la paix et le désarmement préparée par deux camarades est écartée de manière arbitraire. L’un d’eux, notre camarade G. Tollet, a protesté et demandé que cette motion soit présentée à la prochain CAN.
L’attribution des responsabilités de secteur : un vote de défiance de la Commission administrative à l’encontre du Bureau national !
La proposition par le Bureau national (BN) de la liste des camarades pressenti-e-s pour animer les différents secteurs du syndicat a donné lieu à un résultat pour le moins serré : seulement 22 voix pour, 5 contre, 4 abstentions et 10 NPPV. La liste a donc été adoptée avec à peine plus de la moitié des voix présentes. Coup de théâtre ? Pas vraiment, pour les camarades AGIR! qui pointent depuis plusieurs années maintenant la dévitalisation démocratique de notre syndicat et la verticalité des prises de décision qui empêchent l’expression de tous les camarades et courants de pensée. Ce vote faisait suite à des échanges houleux au cours desquels le secrétariat général avait déjà clairement exprimé son refus de discuter de certains textes et sa volonté d’avancer par votes-sanctions plutôt que par construction de consensus, avec l’argument de la nécessité d’aller vite. Rétrospectivement, c’est d’autant plus ironique que la CAN du 6 juillet s’est achevée avec plus d’une heure d’avance sur le programme !
De leur côté, les membres de la CAN ont pris leur responsabilité : en prononçant si massivement des refus de vote, voire des oppositions à la proposition de liste, elles et ils ont clairement exprimé le souhait que les secrétaires générales et la majorité AS du BN cessent de considérer la CAN comme une simple chambre d’enregistrement qui entérinerait des décisions prises ailleurs, et qu’au contraire elle redevienne un véritable espace de construction de la réflexion collective et du consensus. Les camarades AGIR! continueront d’alerter sur les dérives autoritaires qui régissent depuis plusieurs années maintenant le fonctionnement du syndicat, à l’heure où l’unité est plus que jamais nécessaire face à la démolition programmée des services publics de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et pourtant, des solutions simples et rapides à mettre en œuvre existent pour redémocratiser le SNESUP, par exemple :

– prévoir systématiquement un point « questions diverses » dans les ordres du jour,
– assurer une représentation minimale de chaque courant de pensée au sein du Bureau national,
– permettre la proposition de points de discussion par les élu.es de la CAN aux réunions du BN,
– élargir le comité de rédaction du mensuel du SNESUP,
– etc.
Vos élu.es AGIR! continueront de défendre ces propositions et œuvrer pour la revitalisation démocratique de notre organisation syndicale.
A noter que notre camarade Heike qui siège au Bureau national, devient co-responsable du secteur second degré. Nos propositions pour confier des co-responsabilités à Marie-France (qui siège aussi au Bureau national) et à Carole (secteur CNU) sont écartées.
En conséquence, nous votons contre la liste proposée.
Nous soulevons aussi la question de la désignation des membres du collectif restreint de rédaction du Mensuel. De nouveau, un florilège de mauvaise foi : AS prétend qu’ « il n’est pas nécessaire d’élire ce collectif car il n’est pas écrit dans les statuts qu’il faut l’élire après chaque congrès d’orientation », « ce collectif a été élu par le passé – quand ? – on ne sait plus exactement la date » ; bref, un collectif aurait été élu il y a longtemps et peut-être qu’un jour, il sera renouvelé…
Au total, nous faisons de nouveau le triple constat de notre utilité pour pousser vers des positions plus claires et plus combatives, mais aussi du mur auquel nous nous heurtons, donc de la nécessité d’élargir l’audience de notre collectif AGIR afin de créer les conditions d’un renouveau combatif de notre syndicat afin qu’il retrouve toute son efficacité pour défendre les collègues et le service public.

Laisser un commentaire