Un vote honteux à la CAN du SNESUP du 14 mars 2019
La réunion de la Commission Administrative du SNESUP, le 14 mars, a pris une décision grave et dangereuse. À la suite d’une plainte d’une de ses employées, le syndicat- en tant qu’employeur- a été condamné lourdement par le tribunal des prud’hommes pour discrimination, harcèlement moral et manquement à l’obligation de sécurité. Sans jugement encore sur d’autres aspects de la procédure- en tant qu’employeur- le syndicat est déjà condamné à 150 000 euros au bénéfice de la plaignante. Qu’un syndicat qui a pour vocation de défendre les intérêts des salarié.e.s se voie ainsi accusé de manquements graves à sa mission d’employeur et condamné par le tribunal au même titre que tous ces patrons voyous qui pratiquent l’entorse régulière au Code du travail pour augmenter leurs profits est encore plus grave pour un syndicat qui se présente comme un syndicat de transformation sociale. A maintes reprises, par des mises en garde, par des appels à la raison, par des demandes de votes sur cette question à la Commission Administrative et encore hier, les élus du collectif AGIR! ont tout fait pour que le SNESUP reconnaisse les fautes commises – actées depuis par le jugement – et ne s’acharne pas plus contre l’ex-salariée en interjetant appel de la décision du tribunal. Malheureusement la direction nationale exécutive, sur l’insistance du secrétaire général Hervé Christofol, appuyée par le courant majoritaire AS et avec à la passivité complice de membres du courant ÉE-PSO, a obtenu l’aval de la commission administrative sur cet appel.
Outre le fait que cette décision prolonge encore la détresse, profonde, de l’ex-salariée, la direction exécutive a fait le choix lourd de conséquences de ternir encore plus l’image de notre syndicat, en particulier, et du syndicalisme en général. À une époque où le syndicalisme de lutte connaît une situation difficile par le fait qu’il s’oppose à un libéralisme patronal et étatique puissant, où le SNESUP subit une érosion importante au plan national de ses syndiqués et de ses électeurs, cette décision va encore contribuer à compromettre encore plus profondément son image, voire son avenir lui-même.
Avec cette décision, ce sont nos valeurs syndicalistes qui sont ainsi bafouées. Le courant Action Syndicale, dont j’ai longtemps fait partie, pour lequel je me suis fortement engagé, et trop d’autres militants se sont discrédités. Je ne démissionne pas du SNESUP, comme tant de camarades l’ont fait ou sont en passe de le faire, car le syndicalisme est plus que jamais indispensable, nous le prouvons dans nos actions de solidarité, de luttes victorieuses (à Tours ces temps-ci pour les personnels du CUEFEE ; il y a 10 ans, nationalement, pour gagner le maintien du statut national des enseignants-chercheurs et le refus de la modulation des services) et j’ai encore espoir que nous pouvons changer les choses en grand – comme c’est nécessaire – avec le SNESUP dans l’enseignement supérieur et la recherche.
Tours le 15 mars 2019
Jean Fabbri
pour information
composition actuelle de la Commission Administrative du SNESUP : AS = 20, EE-PSO = 14, AGIR! =6, PSL=1
présents à la CA du 14 mars : AS=20, EE-PSO= 10, AGIR=6, PSL=1
vote contre l’appel du jugement des prudhommes 13 (6 AGIR! +6 EE-PSO+ 1PSL), pour l’appel 19 (AS), abstention ou refus de prendre part au vote 5 (4 EE-PSO, 1 AS)