Temps d’AGIR !

Temps d’AGIR !

Le congrès 2017 a lieu dans le contexte syndical bousculé par la signature par la direction exécutive du SNESUP du texte organisant la sélection à l’entrée en Master, rompant avec nos luttes et nos mandats pour l’élargissement et la démocratisation de l’accès aux études longues diplômantes. Cet abandon après la valse-hésitation sur le « suivi de carrière » interroge. De même, l’annonce en janvier des nouvelles grilles de rémunérations des MCF confirme leur alignement sur celles des agrégés, sans valoriser ni le doctorat, ni les activités de recherche : le gouvernement ne pouvait pas faire moins mais encore une fois, les négociations ont été « discrètes » (sic), à la demande du ministère, et sans construction de rapport de forces.

Choqués par ces méthodes et ces renoncements, nombre d’adhérents sont déboussolés. Le Collectif « Agir ! » est né de ce constat et de la volonté de réanimer notre syndicat, avec des changements donnant la priorité aux syndiqués, aux sections, et d’éviter que de tels errements ne se reproduisent. C’est l’objet de ce texte que nous soumettons au vote des syndiqués : il vise à Agir maintenant et refaire du SNESUP le syndicat utile aux enseignants et enseignants-chercheurs.

Oui aux services publics

Dans nombre de pays, l’Etat porteur d’égalités et de droits est mis en cause quand il n’est pas directement au service d’oligarchies ou de groupes industriels et financiers supra nationaux. En France, ces dernières années, les gouvernements ont appliqué, avec une violence sociale grandissante, des politiques aux effets particulièrement néfastes pour l’immense majorité de la population (désindustrialisation, salaires en berne, lois sur les retraites, loi El Khomri, CICE, CIR). Les services publics sont une cible privilégiée de cette politique néolibérale. Les cadeaux fiscaux, orientés principalement vers les grands groupes, obèrent fortement les ressources publiques. Soumettre peu ou prou tous les secteurs d’activité aux intérêts du marché conduit à la privatisation de pans du secteur public (la poste, le rail, l’énergie, etc.), amplifie les inégalités et mine les solidarités collectives (sécurité sociale, retraites, etc.). La déclinaison idéologique de ces orientations aiguise tous les ressorts de l’individualisme, dans la sphère privée comme professionnelle. Les orientations de l’Union Européenne, les traités internationaux (CETA, TAFTA) visent un renforcement concurrentiel à grande échelle dans les domaines publics dont celui de l’Éducation. A l’articulation de la sphère économique, l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) sont au cœur de cette logique.

Le pacte pour la Recherche, les lois LRU et Fioraso, malgré l’usage du terme « autonomie », ont pour objectif d’assujettir l’ESR aux logiques essentiellement marchandes. Les dispositifs de regroupement d’établissements, ceux hyper-sélectifs de financement de la Recherche (IDEX, LABEX, ANR, PIA3…) mettent en place une recherche à 2 vitesses, des universités de seconde zone, des diplômes au rabais, etc. Le « suivi individualisé des carrières » instauré dès cette année et les processus de sélection à l’entrée du master sont des éléments de cet arsenal. Sous couvert de modernisme, le pouvoir déstructure l’ESR français pourtant reconnu dans le monde entier. Le sous-financement chronique organisé des universités, le manque criant d’investissement dans le service public et les personnels, dégradent les conditions de travail et les salaires : 25% de pertes de pouvoir d’achat en 30 ans, alourdissement de la charge de travail, précarisation, raréfaction des recrutements…

Pour un syndicalisme combatif, rassembleur et efficace

Dans cette situation, l’urgence est aux convergences d’analyses et d’actions. Notre syndicat, sa fédération, la FSU, doivent en être les catalyseurs. Nos objectifs, nos actions, notre identité doivent être lisibles pour les personnels comme pour les étudiants et nos concitoyens : défense des personnels ; réussite et émancipation pour tous les étudiants ; conduite d’une recherche ouverte, critique et non pilotée par des intérêts économiques… Dans ce cadre, nous voulons :

  • Agir pour créer l’emploi public statutaire nécessaire, revaloriser les statuts, supprimer le suivi de carrière mais prévoir un recours au CNU pour des difficultés locales d’exercice du métier, réduire les services, améliorer les salaires, les retraites et la rémunération des HC.
  • Agir pour la non sélection dans l’ESR public (sauf pour les concours de pré-recrutement), la cohérence scientifique et territoriale des formations.
  • Agir pour une Université démocratique ouverte aux coopérations, contre les agglomérats de type fusion ou ComUE, contre les logiques entrepreneuriales et managériales (LRU) et le recours à des prestataires de service privés.
  • Agir pour une redistribution nationale des moyens arbitrée par le CNESER sur des critères objectifs et analytiques : pondération des disciplines, effectifs étudiants de l’année N-1, programmes…
  • Supprimer les agences de moyens et abonder les dotations aux labos, favoriser les coopérations en matière de « grands équipements ».

Le SNESUP, essentiellement aujourd’hui par ses militants locaux porteurs de valeurs de justice et de solidarité, conserve encore la marque de ses batailles pour la démocratisation de l’accès à l’ESR et pour la réussite des étudiants, pour des statuts nationaux protecteurs, contre les logiques mandarinales sexuées, pour un monde de culture et de paix. Notre engagement historique contre les guerres coloniales et impérialistes, contre l’ordre économique capitaliste qui les engendre, doit se réaffirmer. Les questions internationales d’aujourd’hui (nos métiers nous y confrontent) méritent un engagement collectif plus fort.

Si la situation est difficile pour le syndicalisme, cela ne suffit pas à expliquer les reculs du syndicat aux différentes élections récentes, ni la chute du nombre d’adhérents (près de 1000 depuis 2009). Nous devons AGIR pour une politique de transformation sociale autrement que par des appels rituels à l’action sans lendemain.

L’affichage national du syndicat (trop tourné vers la « communication ») n’est pas à la hauteur des crises de la société, de l’ESR, du syndicalisme. A discuter sans rapport de forces avec des conseillers du ministère ou de la CPU, on s’achemine de plus en plus vers une politique d’accompagnement. Dans les faits, l’exécutif national du syndicat n’engage pas la dynamique unitaire d’actions (y compris sous de nouvelles formes) qui, tant en interne qu’avec nos camarades des SNCS, SNEP, SNASUB dans le supérieur, devrait nous permettre ensemble de gagner. La dimension fédérale reste trop marginale et en matière de revendications sociales, de défense des services publics et des salariés, les convergences possibles avec les confédérations CGT, FO, Solidaires devraient être poussées bien plus loin.

Pour plus d’efficacité, nous devons modifier certaines de nos règles de fonctionnement en donnant plus de place aux sections dans notre presse et dans la répartition des décharges de service ; favoriser leur visibilité et le partage « horizontal » avec les nouveaux moyens de communication ; réduire à 2 (au lieu de 3 actuellement) les instances nationales du syndicat en veillant à la parité H/F : un exécutif, Secrétariat National (10 personnes) et un délibératif, Conseil National (50 personnes) ; limiter à 3 mandats consécutifs de 2 ans la participation aux instances nationales. Enfin, pour faire face à la sclérose actuelle des courants de pensée et dépasser ce mode d’organisation, la composition du Conseil National serait la combinaison de 2 procédures :

1. Que ceux qui le souhaitent rendent visibles leurs convergences par des textes communs et que l’élection, tous les 2 ans, de 25 membres du Conseil National se fasse sur liste ordonnée, avec représentation proportionnelle, par vote à bulletin secret dans les sections.

2. Que chaque section (ou groupe de sections) puisse proposer le nom d’un membre du Conseil National en le soumettant à un vote interne majoritaire. Les 25 noms ratifiés avec le plus grand nombre de voix constitueraient l’autre collège du conseil.

Le secrétariat national pluraliste serait élu par le Conseil National.

Engagés dans le SNESUP, nous consacrons un temps militant important à la vie du syndicat à tous les échelons. Aujourd’hui dans une démarche nouvelle, ouverte à tous, pour vivifier le débat interne, pour résister et gagner la bataille des idées avec nos collègues et dans l’opinion, soutenez le collectif AGIR !

Votez pour cette motion d’orientation.

Signatures : S. ALAVA, F. ALBERTINI, E. ARMAND, F. BENEY, G. BERGOUNIOUX, M. BERGOUNIOUX, S. BOSSARD, P. BOURDIN, T. BRETON, E. CAUVIN, R. CHAULET, J. CLAUSTRE, A. DA SILVA, C. DEVILLE, P. DOUBLET, J. FABBRI, A-V FABRE, N. FÉREY, N. FIORI-DUHARCOURT, C. FORESTAL, A. FREITAS, B. GENSANE, L. GIROLAMI, A. GONZALES, S. GUICHETEAU, F. HINSCHBERGER, C. HOFFMANN, A. LACROIX-RIZ, X. LAMBERT, F. LAORDEN, J-P. LECA, P. LECLAIRE, D. LEMERCIER, D. LOUBIÈRE, P. MACARY, C. MANGE, L. MERCURI, S. MONCHAUD, D. MONTEUX, S. MOUTIER, J. ORTIZ, M-J. OURIACHI, M. PEIGNE, S. PITTIA, N. POUYANNE, F. RIVIÈRE, A. SABONI, M-T. SCHETTINO, M. SIABANO, T. SOPHY, F. SPAGNOLI, H. TER MINASSIAN, C. TERREAU, A. THALINEAU, G. TOLLET, A. VALCHEV d’Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Caen, Clermont-Ferrand, Corte, Evry, Lyon, Mulhouse, Nantes, Nevers, Nice, Orléans, Paris 1-5-11-12, Pau, Perpignan, Rennes, Toulouse, Tours, Versailles ou retraité-es.

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