Les enjeux du re-pyramidage : national et local
Suite à la diffusion par la direction nationale du mode d’emploi sur le re-pyramidage intitulé « comment ça marche ? », un camarade a interpellé le collectif AGIR pour s’étonner du manque de combativité de cette adresse de la direction nationale à tous les syndiqués.
Nous publions ici notre réponse :
« Cher camarade,
Sur le fond, nous partageons ton analyse sur la politique gouvernementale et la dérive de la direction du snesup.
Le gouvernement accélère la casse du service public d’ESR. La LPR accentue la précarisation et porte en elle l’extinction du corps des MCF – comme ça a été le cas auparavant pour les assistants – au profit de recrutements de contractuels d’une part, et d’autre part des chaires juniors (tenure tracks), docteurs recrutés sans qualification, avec une décharge d’enseignement, une dotation importante pour débuter leurs recherches, titularisés comme PU – ou pas – au bout de six ans maximum. Le gouvernement accroit par ailleurs les pouvoirs locaux des présidents d’université au détriment du cadrage national.
A contrario, il faudrait recruter des milliers de titulaires : la masse des heures complémentaires représente des milliers de postes, tandis que de nombreux jeunes docteurs sont dans la précarité.
Et le ratio 60% de PU – 40% de MCF pourrait être atteint, ce qui n’est pas le cas actuellement, par la création de postes plutôt que par repyramidage qui est une transformation de postes de PU en MCF. En outre, le nombre de repyramidage prévu est insuffisant, ce n’est pas 2 000 mais 5 000 qu’il faudrait pour résorber l’absence de création de postes,
Mais comment faire face à la mise en œuvre du re-pyramidage dans les établissements ? La section de Tours de notre syndicat a rédigé le texte ci-dessous :
Les propositions du SNESUP à Tours
pour une mise en application sereine et apaisée du repyramidage.
L’objectif pour nous est d’avancer dans la résorption des retards de carrière dont sont victimes à Tours plus d’une centaine de collègues, en évitant les mécanismes insidieux promus par le ministère qui relèvent de « l’effet d’aubaine ».
Nos propositions se déclinent sur les 3 temps de la procédure : choix des sections du CNU concernées par les 15 premiers repyramidages, instruction des demandes, auditions et classement.
1) dans le choix des sections concernées par le repyramidage, ne pas se limiter à la liste des sections indiquées par le Ministère pour notre établissement liée au seul différentiel local/national dans le ratio PR/MCF, mais tenir compte des situations locales de blocage des carrières, en s’appuyant sur des données qualitatives (ancienneté de l’HDR, qualification(s) antérieure(s) par le CNU aux fonctions de PR, classements dans des concours PR, encadrement e de thèses…)
2) s’assurer de la mise en place d’une procédure qui soit au plus près des procédures nationales de recrutement, afin de garantir les équilibres entre évaluation interne et externe, et éviter les conflits d’intérêt.
– que dans le choix des deux rapporteurs de chaque dossier, un.e soit extérieur.e à l’établissement
– également dans le choix des quatre membres du comité d’audition, que deux soient des membres extérieur.es à l’établissement
– que les CSDP des sections concernées par la procédure de repyramidage soient sollicitées pour le choix des membres des comités d’audition
3) afin d’assurer la collégialité de la procédure et éviter l’hyper-présidentialisation de la gestion des carrières, que le Conseil Académique soit partie prenante au moment de l’établissement de la liste des candidat.es, de la composition de la commission d’audition et de la validation de la liste finale des candidat.es dont la nomination est proposée. En l’état actuel, le décret prévoit que seul le chef d’établissement ou son représentant décide de la liste des candidat.es à auditionner et valide la liste des promu.es.
– établir une liste complémentaire qui garantirait de pourvoir tous les postes disponibles, en cas de mouvement des personnels ou d’affectation des candidat.es sur d’autres postes
– qu’il y ait un effet mémoire des sections concernées par le dispositif de repyramidage, afin de s’assurer qu’à l’issue de cette procédure pluriannuelle, le maximum de sections au sein de l’université ait pu en bénéficier
Parallèlement, le SNESUP demande à ce que le Ministère s’engage à compenser le coût du « glissement vieillissement technicité » (GVT) que va engendrer le repyramidage. Il se réjouit que ce dispositif puisse permettre à des collègues bloqué.es dans leur carrière de bénéficier d’un reclassement dans le corps des professeur.es. Mais cela ne règle en rien la question du sous-encadrement et du manque de postes à l’université, c’est pourquoi nous rappelons la nécessité que ce dispositif soit accompagné de la création des postes demandés.