UN TÉMOIGNAGE DONT LA DIRECTION ACTUELLE DU SNESUP N’A PAS VOULU…
Une tête bien connue du SNESUP élue à la direction de la CGT : Sophie Binet
Parmi des dizaines d’autres documents et témoignages, le compte rendu du Congrès SNESUP de Dunkerque (2006) fait dans le mensuel du SNESUP qui venait d’inaugurer sa nouvelle formule, montre, comme aujourd’hui les luttes pour les retraites, la capacité de gagner d’un mouvement social clair, déterminé et unitaire. « Victoire contre le CPE » telle était la banderole couvrant la tribune. A cette date Sophie Binet représentait l’UNEF, comme membre de son bureau national. Elle en deviendra par la suite vice-présidente, associée aux directions de B. Julliard puis de J.-B. Prévost, et toujours au premier plan de la construction de convergences fortes avec des partenaires. En ces années 2005-2010 d’un syndicalisme étudiant rassemblé et d’une forte présence conjointe de l’UNEF et du SNESUP dans un grand nombre d’universités, c’est d’abord de ces deux organisations, largement en phase pour lutter pour la démocratisation de l’enseignement supérieur, l’égalité des chances, l’augmentation des budgets et des emplois statutaires que sont venues les initiatives rassembleuses. Le CNESER où Sophie Binet a siégé aussi comme étudiante, a été exemplaire des motions co-écrites entre l’UNEF et le SNESUP, ralliant ensuite un front plus large d’organisations : CGT souvent, FO tantôt, FAGE et SGEN parfois…
Enseignant-chercheur à Tours, et en même temps secrétaire général du SNESUP de 2005 à 2009, j’ai donc partagé avec Sophie Binet des réunions, des manifestations, des congrès, des délégations auprès de parlementaires, des phases de négociations aussi dans les résistances à la loi LRU poussée dès juin 2007 par N. Sarkozy et V. Pécresse. Qu’étudiants et personnels -en toute indépendance les uns et les autres- ne partagent pas les mêmes options sur l’évolution de l’enseignement supérieur pouvait et peut se concevoir, et les manœuvres du pouvoir (et de nombreux exécutifs régionaux) n’ont pas manqué, mais UNEF et SNESUP ont réussi à maintenir leur opposition solidaire jusqu’à l’automne 2007. Ce fort enracinement conjoint dans les luttes pour défendre l’universalité de l’enseignement supérieur et de la recherche publiques a joué ensuite un rôle de tremplin et d’accélérateur dans la bataille de 2009 menée par les universitaires pour maintenir les garanties statutaires des enseignants-chercheurs.
Evoquer la personnalité de Sophie Binet et cette période rend optimiste, même des années plus tard, après son élection à la direction de la CGT. Les enjeux et perspectives de construction d’un syndicalisme renouvelé, fort et rassemblé, qui s’élaborent en ce moment dans la formidable bataille pour défendre le droit à la retraite, et qui traversent en particulier le SNESUP, la FSU et la CGT apparaissent à portée de nous. Le syndicalisme du XXIe siècle a de l’avenir et ajoutera d’autres victoires après celle du CPE.
Jean Fabbri