Motion du collectif unitaire AGIR! et PSL (Pour un syndicalisme de lutte)

Motion du collectif unitaire AGIR! et PSL (Pour un syndicalisme de lutte)

 Enfin, gagner !

 

Qui pourrait croire qu’une écope suffira pour combattre un tsunami ?

Nous tous, syndiqués du SNESUP votant pour décider de son orientation, sommes d’accord sur le constat : la situation dans laquelle les gouvernements de ces 20 dernières années ont placé l’ESR (Enseignement supérieur et recherche) n’a jamais été aussi critique. Jamais les universités publiques n’ont eu à faire face à une attaque politique d’une telle ampleur. Pour autant, notre réponse syndicale a-t-elle été, est-elle à la hauteur de ces attaques ? Peut-on continuer comme avant quand nos statuts, métiers, salaires sont en jeu ? Peut-on se contenter de faire des webinaires pour contrer une entreprise de destruction ?

Un congrès est un moment de réflexion collective, le moment de poser aussi les questions qui dérangent, pour fixer l’orientation, améliorer le fonctionnement et l’efficacité de notre syndicat. C’est le rôle que le collectif unitaire AGIR-PSL tente de jouer depuis sa création.

Le service public d’ESR en cours de destruction

Le délabrement de l’ESR découle d’une politique délibérée menée par les pouvoirs successifs pour détruire nos statuts protecteurs, le service public et favoriser les officines privées. Derniers exemples : les « évaluations » défavorables de l’HCERES concernant des licences et masters (vague E), qui vont à l’encontre des missions de service public ou encore le sous-financement organisé qui mine les établissements et les labos (dispositif « key labs »). Enjeu essentiel, l’ESR qui produit et transmet des connaissances aux citoyens doit-il servir les intérêts du capital ou bien l’intérêt commun ? Mais pour ce second choix, il faut des moyens !

Après des décennies de cadeaux fiscaux (suppression de l’ISF, crédit impôt recherche…) réduisant les recettes publiques, le discours catastrophiste sur « l’endettement de l’État » tenu par les dirigeants politiques responsables de cette situation est utilisé pour justifier les régressions sociales et budgétaires. Or les profits capitalistes explosent, les États abondent la course aux armements qui menace la paix mondiale. La force de l’extrême-droite et l’irruption destructrice du courant libertarien constituent une réelle menace qui, dans l’ESR, s’accompagne de directives qui pèsent sur l’orientation et le financement de la recherche et sur la formation.

Le syndicalisme doit être à la hauteur pour solidariser dans l’action les salariés de l’ESR et contrer ces attaques.

Un syndicat à reconstruire

Les 270 sections locales annoncées dans la plaquette de syndicalisation sont une fiction : beaucoup n’ont plus aucune activité. Sans prendre de mesures concrètes pour revitaliser les sections en difficulté, l’exécutif national « gère l’existant ». Depuis la grande lutte de 2009 (décret statutaire), le SNESUP a perdu près de 20% de ses effectifs. De nombreux syndiqués se retrouvent isolés. Les collègues cherchant à joindre le syndicat se voient proposer de remplir un formulaire pour engager un simple échange par e-mail. Les possibilités pour les syndiqués de bénéficier des conseils de l’avocat du SNESUP sont de plus en plus réduites. Les nombreux collègues précaires et contractuels ne se tournent pas vers le SNESUP, faute d’y trouver suffisamment écoute et relais actifs pour leurs revendications. Le retard pris dans la défense des PRAG-PRCE pour l’égalité des primes a favorisé l’émergence du collectif 384. Quant à la revue du SNESUP, elle est de moins en moins pluraliste, fermée aux contributions et la voix des sections y est réduite à portion congrue. Les communiqués se bornent souvent à déplorer la politique du gouvernement, appelant parfois à des mobilisations mais sans que le syndicat travaille à les organiser ni à coordonner les initiatives locales.

Notre syndicat souffre d’une hyper-concentration de la décision. L’élaboration et la mise en œuvre des initiatives syndicales sont concentrées dans les mains du secrétariat général et de quelques membres du Bureau National qui décident jusqu’à l’ordre du jour de la Commission Administrative Nationale (CAN), sans modification possible. Les propositions n’émanant pas des élus de la majorité sont considérées comme hostiles, les positions minoritaires sont méprisées, l’élaboration collective est étouffée. Néanmoins, malgré ce climat, la détermination et les arguments des militants AGIR et PSL ont conduit par exemple à remettre en avant les exigences d’abrogation de la LRU et d’égalité des primes entre EC et E.

Pour un syndicalisme démocratique et efficient

Depuis plusieurs années, nous avançons des propositions de régénération démocratique de notre syndicat, notamment :

– Limiter le nombre de mandats successifs dans les instances nationales.

– Créer une « 2e voie d’accès » à la CAN : ses membres ne doivent plus seulement être nommés par les courants de pensée ; ils doivent aussi émaner des sections sans passer par le filtre des courants.

– Redonner à la CAN, parlement du syndicat, toutes ses prérogatives (ordre du jour, votes…).

– Instaurer une représentation pluraliste du SNESUP dans les instances de la FSU.

– Donner aux militants des secteurs nationaux les moyens d’agir.

– Ouvrir le comité de rédaction du Mensuel.

Nous militons pour un SNESUP au service de tous, dépassant le fonctionnement fermé en courants de pensée.

Nous appelons à porter collectivement :

– Un syndicat qui défend les personnels et le service public contre toutes les attaques : remise en cause des statuts des personnels, montée de la précarité, établissements expérimentaux et grands établissements, politiques dites d’excellence, mise en concurrence des collègues entre eux, des établissements, des labos, saignée budgétaire…

– Un syndicat plus actif dans la défense des collègues titulaires ou non : salaires, droits sociaux, abrogation de la réforme des retraites.

– Un syndicat qui rassemble pour arracher l’abrogation de la LRU, de Parcoursup et de Mon Master, pour rétablir les prérogatives du CNU et des CAP.

– Un syndicat qui œuvre réellement à défendre une formation universitaire ambitieuse des enseignants.

– Un syndicat œuvrant à la paix dans le monde et au droit du peuple palestinien à vivre en pleine liberté sur sa terre.

– Un syndicat offensif qui construise, avec les autres syndicats et les étudiants, des actions de grande ampleur pour mettre fin à la destruction de l’Université publique.

– Un syndicat construisant un rapprochement avec d’autres, pour un syndicalisme de masse, pour résister, redonner espoir et rebâtir ensemble le service public d’ESR dont notre pays a besoin.

Votez pour cette motion de rassemblement.

 

Premiers signataires : K. ABDALLAH-CHATTI, C. ARNAL, S. AROUI, F. BENEY, H. BEN JOMAA, G. BERGOUNIOUX, D. BERGER, V. BILLAT, E. CAUVIN, N. CARMINATTI, M-F CARNUS, C. CHAPLIER, R. CHAULET, V. CHEVALIER, J. CLAUSTRE, C. FABRE, N. FEREY, I. FILLION-QUIBEL, N. FIORI-DUHARCOURT, A. FREITAS, B. FREYCHE, A. GARCIA, F. GRIMAL, V. GROSSTEPHAN, S. GUICHETEAU, M. INSUA, S. JANNIARD, J-L KPODAR, A. LANTZ, F. LAORDEN, A. LASSERRE, K. LUEKEN, M. MARTINEZ, N. MAUMON, F-Y. MENEZ, L. MERCURI, P. MOTHES, S. MOUTIER, A-M O’CONNELL, A. PALLANDRE, E. PELLET, D. PEYTAVI, N. POUYANNE, F. RIVIERE, V. ROCHAIX, H. ROMOTH, M-T. SCHETTINO, F. SPAGNOLI, H. TERMINASSIAN, G. TOLLET, F. TOUPIN, R. TRAMOY, J. VILLAIN, G. VILLANUEVA,

 

d’Aix-Marseille, Amiens, Antilles, Besançon, Bordeaux, Caen, Clermont-F, Créteil, Dijon, Evry, Lyon, Marne-la-V, Mulhouse, Nantes, Nice, Orléans, Paris, Pau, Rennes, Saclay, Toulouse, Tours, Versailles…, de divers UFR, INSPE, IUT ou retraité.es.

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