du collectif trans-tendances AGIR !
Congrès d’orientation 2023 du SNESUP : Déclaration d’ouverture
du collectif trans-tendances AGIR !
Cher-e-s camarades,
Notre congrès s’ouvre dans un contexte marqué par un puissant mouvement social pour nos retraites, mais aussi nos salaires, pour des conditions de travail meilleures. Depuis 40 ans nous subissons une politique antisociale au service des grands intérêts capitalistes, la situation de notre pays est gravement détériorée. Les inégalités se creusent, les grandes conquêtes sociales sont remises en cause, les services publics dont l’ESR subissent une terrible dégradation…
La colère est profonde et largement majoritaire, mais le gouvernement l’ignore. Ce mépris du peuple, comme de l’Assemblée nationale, est non seulement intolérable, mais présente de plus un très grave danger démocratique, notamment avec une extrême droite en embuscade.
Alors que le gouvernement prétend qu’il n’y a pas d’argent pour les salaires, les retraites, les services publics, il dépense des sommes record dans le surarmement et la guerre : 416 milliards (soit + 40 %) pour la nouvelle loi de programmation militaire, du jamais vu ! Et au niveau mondial, les dépenses d’armement dépassent 2 100 milliards de dollars en 2022 ! Comme les organisations de paix l’ont rappelé ce week-end au sommet de Vienne, il devient urgent de combattre pour la paix, pour empêcher le capitalisme quel qu’il soit, russe, européen ou étasunien, de tenter une nouvelle fois de sortir de sa crise systémique par la guerre ! Disons tous ensemble et avec force, stop aux va-t-en-guerre, imposons la paix et l’ouverture de négociations avec garantie de sécurité pour tous les pays, la dissolution des blocs militaires, le désarmement et la réaffectation des sommes récupérées au progrès social !
Dans ce contexte dangereux et socialement régressif, les collègues ont plus que jamais besoin de l’outil de défense qu’est le syndicalisme, un syndicalisme clairvoyant et combatif, unifié et unitaire, un syndicalisme défendant au quotidien les collègues, mais aussi dénonçant le capitalisme et la politique économique libérale. Depuis quelques mois, l’unité syndicale, mais aussi celle des forces de gauche dans le pays est une très bonne chose. Il faut poursuivre dans cette voie et être à la hauteur de la situation et des dangers. Il faut aussi s’interroger sur nos limites et revoir certaines pratiques syndicales : comment convaincre plus de collègues de faire grève, de venir aux AG, de se syndiquer ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de journée d’action entre le 1er mai et le 6 juin ? Le mouvement social peut-il se contenter de suivre le calendrier parlementaire ?
Notre congrès va être l’occasion d’analyser cette situation, de mettre à jour nos mandats, mais aussi de questionner notre positionnement et notre activité depuis le congrès précédent. Or, il y a eu des problèmes dont le congrès doit être informé. Prenons l’exemple du mandat voté lors du congrès de Rennes en 2021 concernant l’égalité des primes statutaires pour tous : celui-ci n’a pas été mis en œuvre. Pourtant, dès septembre 2021, les élu-e-s AGIR et PSL à la CAN ont demandé le lancement d’une pétition. Malheureusement en vain, et nous le payons aujourd’hui ! En effet, le blocage de la direction exécutive de notre syndicat a favorisé la montée du « collectif 384 » et de ses dangereuses positions, reprises maintenant par la CPU à savoir, l’application du RIPEC aux PRAG-PRCE, la révision du décret statutaire avec alourdissement des missions, et pire, la création d’un corps spécifique des enseignants du supérieur qui subirait alors une gestion locale… La colère des collègues est très grande. C’est à nous de la porter : c’est notre rôle. En 2022, une section de notre syndicat a lancé une pétition qui a recueilli 800 signatures. Avec l’engagement de tout notre syndicat, nous pouvons frapper bien plus fort et gagner. Rien n’est encore joué : Agissons !
Cet exemple malheureux, mais significatif montre que si le congrès définit bien les mandats syndicaux, il doit s’assurer de leur application réelle, en décidant des modalités d’action, l’écrit et le déclaratif seuls ne suffisant pas.
Ainsi, en parallèle de la bataille indispensable pour la revalorisation du point d’indice, ou encore pour la fin des blocages de classe des enseignants-chercheurs, nous proposons d’engager une grande bataille contre le scandale du paiement au SMIC des heures complémentaires et des vacations (paiement qui dispense le ministère de recruter des titulaires), pour obtenir le triplement du taux de l’heure pour l’amener à 125% de l’heure statutaire moyenne. Ce mandat existe, mais nous proposons son application par une campagne médiatique de grande ampleur, par une pétition en direction de tous les collègues, le tout associé à un refus d’effectuer ces heures non obligatoires au taux ridicule actuel. Cet objectif permettrait, d’une part, en se concentrant sur un sujet brûlant, d’être plus visible et utile, d’autre part, il permettrait de très nombreuses discussions avec les collègues via nos syndiqués dans les sections et d’engager une grande campagne d’adhésions. Nous ne pouvons dresser ici la liste de touts les combats : rappelons notamment la titularisation des précaires, l’embauche de milliers d’EC-E titulaires, l’amélioration des conditons de travail…
Mais cela nous oblige à réaffirmer ensemble le besoin de revitalisation de nos sections ainsi que l’urgence d’un renouveau combatif et démocratique, avec plus de pluralisme et d’horizontalité. Nous proposons que la commission nationale de notre syndicat soit composée pour moitié des représentants des courants de pensée et pour l’autre moitié, des délégués des sections. N’ayons pas peur de nous renouveler !
Loin des pièges d’un « dialogue social » mou, chronophage, sans rapport de force, et des compromis en trompe-l’œil produits par le syndicalisme d’accompagnement et la théorie des « corps intermédiaires », assumons et développons un syndicalisme de masse et de lutte.
Cher-e-s camarades, notre congrès est un moment démocratique important. Débattons de ces propositions.