Congrès d’orientation 2021 du SNESUP : déclaration d’ouverture du collectif trans-tendances AGIR !

Congrès d’orientation 2021 du SNESUP : déclaration d’ouverture du collectif trans-tendances AGIR !

C’est après plus d’un an d’une période particulière que s’ouvre notre congrès. Si cette épidémie est une triste réalité, il ne fait aucun doute que le pouvoir actuel l’a exploitée, dans le but de distiller la peur, d’isoler les citoyens, les salariés, de modifier l’organisation du travail, de limiter sinon de faire taire la colère qui grondait auparavant : on pense aux gilets jaunes, à la lutte pour les retraites, au combat contre la LPR.

En ces temps d’état d’urgence sanitaire, où la démocratie et les libertés sont piétinées, le gouvernement, quasi-monarchique, autoritaire, a décrété, promulgué ses ordonnances, légiféré avec une Assemblée Nationale à ses ordres… Il a poursuivi sa politique en faveur des riches, bloquant les salaires des fonctionnaires mais instaurant des primes différenciées, creusant les inégalités, affaiblissant le service public et les instances démocratiques (les CAP, le CNU…), privatisant à tout va : EDF et le projet Hercule, la SNCF démantelée, la protection sociale ouverte de plus en plus aux assurances privées…

L’Enseignement supérieur et la recherche ont été particulièrement ciblés par la politique gouvernementale qui accélère la mise en place d’un modèle socialement inégalitaire, payant, élitiste et sélectif, qui favorise l’autonomie et l’autofinancement des établissements, qui remet en cause les diplômes nationaux aux profits de certifications privées, et qui oriente la recherche vers un utilitarisme à courte vue… Ce modèle remet en cause le service public républicain qui s’est construit dès la Commune de Paris et dont on vient de fêter les 150 ans ! Cette politique se développe au détriment des étudiants, des agents de l’ESR et de toute la Nation.

S’opposer à cette politique pour en imposer une autre guidée par l’intérêt collectif, nécessite de travailler au rassemblement des collègues, des salariés, des citoyens. Cela nécessite de combattre toutes les divisions alimentées par ce pouvoir, en premier lieu en luttant contre l’éparpillement syndical néfaste. La révolte des gilets jaunes, la bataille contre la réforme des retraites et d’autres luttes encore ont montré qu’un pouvoir arrogant peut douter et reculer face à un peuple rassemblé, reprenant ses affaires en mains !

De la même manière, l’issue du combat permanent pour la défense et le développement du service public d’enseignement supérieur et de recherche dépendra d’une reprise en mains de l’outil syndical par les collègues rassemblés. Or le nombre très insuffisant de réunions de sections (quelques unités) qui se sont tenues dans le cadre de la préparation de ce congrès est un signal inquiétant même s’il s’inscrit dans un contexte particulier. On peut certes se satisfaire d’une augmentation du nombre de votants mais cela ne doit pas occulter le fait que le débat démocratique des adhérents a été limité. C’est pourquoi, notre syndicat doit s’atteler en priorité à la revitalisation de nos sections !

Il serait illusoire de croire à une possible mise en mouvement des collègues à l’aide des seuls appels de la CAN ou du congrès, aussi bons soient-ils ! En perte constante d’adhérents depuis 10 ans, notre syndicat doit se ressaisir pour retrouver une stratégie lisible, fondée sur une analyse de fond, et une attitude combative au service d’un programme ambitieux.

Pour cela, voici quelques points sur lesquels le collectif AGIR ! propose de mettre l’accent :

– Tout d’abord, il faut lutter contre l’émiettement syndical, en renforçant les liens avec nos camarades du SNCS, SNASUB, et, au-delà de la FSU, avec la CGT et Solidaires. Il faut proposer aux doctorants une adhésion commune avec le SNCS.

– Il faut réaffirmer haut et fort notre double défense des collègues et du service public, en rendant lisibles nos mandats syndicaux et en associant mieux les syndiqués à leur élaboration, ce qui suppose une réflexion critique sur certains aspects de notre mode de fonctionnement et notre organisation. Nous y reviendrons en conclusion.

– Engager une politique de syndicalisation active d’une part en direction des collègues précaires de l’ESR, notamment des enseignants et doctorants contractuels, en rendant leurs revendications audibles dans le syndicat – car ils seront de plus en plus nombreux sous l’effet des réformes du gouvernement ; et d’autre part, vers les jeunes collègues titulaires, pour reconstruire un réflexe syndical.

– Investir davantage les Conseils d’établissements, les instances démocratiques pour peser, à partir de nos mandats et en toute clarté, sur la gestion du service public et sur son orientation, en luttant contre toutes les réformes régressives et néfastes qui le dénaturent, même après qu’elles ont été votées, comme par exemple la LPR.

– Valoriser et réhabiliter la démocratie syndicale comme règle lisible de délibérations, ce qui distingue le syndicat des collectifs éphémères ou informels, avec lesquels nous devons par ailleurs renforcer les collaborations quand la situation l’exige.

– Face à l’affaiblissement des organisations étudiantes, s’adresser aux étudiants et les informer. Engager une campagne pour mettre fin à Parcoursup et laisser aux étudiants la possibilité de poursuivre leurs études dans la filière de leur choix.

– Mettre fin au « massacre » des étudiants victimes de l’enseignement à distance et exiger un retour à 100% en présentiel à la rentrée avec tous les moyens nécessaires.

– Enfin, développer une analyse critique du rôle du capitalisme dans les évolutions de l’ESR afin de réinscrire le combat syndical dans le combat anticapitaliste.

Quelques mots maintenant au sujet des mandats que le Congrès sera amené à voter…

En 2016, le vote de la sélection en Master, préfigurant Parcoursup, nous a divisés et a joué un rôle dans la création d’AGIR ! Mais cette crise est derrière nous. Cela veut-il dire pour autant que plus aucune question ne se pose à nous actuellement ? Loin s’en faut, et nous voyons deux points importants de débat sur lesquels le congrès doit prendre position démocratiquement :

– Premièrement réaffirmer nos mandats fondamentaux sur la question des rémunérations en relançant une campagne pour le rattrapage du point d’indice et la création d’une nouvelle grille de rémunération pour les MCF ; ce qui implique de dénoncer la politique des primes. Et a minima, quand le gouvernement instaure de nouvelles primes, revendiquer le maintien de l’égalité entre toutes les primes statutaires, des PRAG/PRCE, des MCF, des PU, ce qui n’a pas été fait ces derniers mois.

– Deuxièmement, dans le même temps où le gouvernement propose un repyramidage intéressant mais limité des emplois d’EC, il nous faut revendiquer haut et fort une intégration dans le corps des PU de tous les MCF HDR qualifiés par le CNU. Idem pour l’intégration dans le corps des MCF des enseignants de statut 2nd degré docteurs qualifiés, ou pour un plan d’intégration dans le corps des agrégés des PRCE ayant 10 ans d’enseignement dans le sup, et enfin pour un plan de titularisation des enseignants contractuels ayant déjà eu leur contrat renouvelé.

Ces revendications justes et ambitieuses sont susceptibles de fédérer les collègues quand le gouvernement travaille à leur division. Mais une fois de plus, pour mettre en mouvement les collègues, il y a urgence à revitaliser les sections ! Loin des pièges d’un « dialogue social » mou, chronophage, sans rapport de force, et des compromis en trompe-l’œil produits par le syndicalisme d’accompagnement et la théorie des « corps intermédiaires », assumons et développons un syndicalisme de masse et de lutte.

Le collectif AGIR ! s’est créé avec ces objectifs. Il vise aussi, en interne, à dépasser un fonctionnement en tendances, fonctionnement occulte aux yeux des syndiqués puisque, en dehors d’une motion signée tous les deux ans, aucune information sur les débats d’idées en interne ne leur parvient. Ce système des tendances, quasi-inexistant au plan local, structure pourtant tout le niveau national sous la forme d’un clanisme délétère qui asphyxie le débat démocratique.

Pour revitaliser les sections, pour redonner la priorité aux adhérents, au débat de fond, à l’action, pour faire redescendre le centre de gravité de notre syndicat, AGIR ! a proposé lors du dernier congrès des modifications statutaires avec notamment, une CAN ouverte pour moitié aux délégués des sections, une limitation du nombre de mandats successifs à la CAN, une ouverture du Mensuel à l’expression des syndiqués et des courants de pensée. Ces propositions mises au vote en 2019 n’ont pas reçu la majorité des 2/3 des mandats pour être adoptées : elles demeurent plus que jamais d’actualité ! Nous les remettons en débat.

Voilà cher(e)s camarades, ce que le collectif AGIR ! soumet à la réflexion collective des délégués, sans tabou, sans procès, et dans un esprit constructif, avec l’espoir que ce congrès sera fructueux.

Bon congrès et vive le syndicalisme !

Site AGIR : https://agirsnesup.fr  et contact : agir.snesup@free.fr

Congrès Snesup, Rennes 15-17 juin 2021, voir aussi :

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